Saturday, July 13, 2013

Le Quatorze Juillet: Bastille Day 2013 - and an Anniversary Poem for Andre and Jeanne Salmon

Moise Kisling, Portrait of André Salmon, 1912 and Portrait of Jeanne Blazy-Escarpette Salmon, 1919

Poem Read at André Salmon’s Wedding

July 13 1909

Seeing the flags this morning I didn’t tell myself
Behold the rich garments of the poor
Or democratic modesty wants to veil its sorrow
Or honoring liberty now makes us imitate
Leaves o vegetable liberty o sole earthly liberty
Or the houses are ablaze because we’ll leave never to return
Or these restless hands will labor tomorrow for us all
Or even they’ve hanged those who couldn’t make the most of life
Or even they’ve renewed the world by recapturing the Bastille
I know it’s only renewed by those grounded in poetry
Paris is decked out because my friend André Salmon’s getting
        married there

We used to meet up in a damned dive
When we were young
Both of us smoking and shabbily dressed waiting for sunrise
Smitten smitten with the same words whose meanings will have
        to be changed
Deceived deceived poor kids and we still didn’t know how to laugh
The table and two glasses became a dying man who cast us
        Orpheus’ last glance
The glasses fell shattered
And we learned how to laugh
We parted then pilgrims of perdition
Across streets across countries across reason
I saw him again on the bank of the river where Ophelia was floating
Who still floats white amongst the water lilies
He went off amongst wan Hamlets
Playing the airs of madness on his flute
I saw him near a dying muzhik counting his blessings
While admiring the snow that looked like naked women
I saw him doing this or that in honor of the same words
That change children’s expressions and I’m saying these things
Recollection and Expectation because my friend André Salmon is
        getting married

Let’s rejoice not because our friendship has been the river that
        made us fertile
River lands whose abundance is the nourishment all hope for
Or because our glasses cast once more Orpheus’ dying glance
Or because we’ve grown so large that many people confuse our
        eyes with stars
Or because flags flap at the windows of citizens who’ve been
        content these hundred years to have life and trifles to defend

Or because grounded in poetry we have the right to words that
        form and unmake the
Universe
Or because we can weep without being absurd and because we
        know how to laugh
Or because we’re smoking and drinking as in the old days
Let’s rejoice because the director of fire and poets
Love filling like light
All the solid space between stars and planets
Love wishes that my friend André Salmon get married today

Apollinaire
translation © Jack Hayes 2010

From Robert Frost's Banjo

POÈME LU AU MARIAGE D'ANDRÉ SALMON

Le 13 juillet 1909
En voyant des drapeaux ce matin je ne me suis pas dit
Voilà les riches vêtements des pauvres
Ni la pudeur démocratique veut me voiler sa douleur
Ni la liberté en honneur fait qu'on imite maintenant
Les feuilles ô liberté végétale ô seule liberté terrestre
Ni les maisons flambent parce qu'on partira pour ne plus revenir
Ni ces mains agitées travailleront demain pour nous tous
Ni même on a pendu ceux qui ne savaient pas profiter de la vie
Ni même on renouvelle le monde en reprenant la Bastille
Je sais que seuls le renouvellent ceux qui sont fondés en poésie
On a pavoisé Paris parce que mon ami André Salmon s'y marie
Nous nous sommes rencontrés dans un caveau maudit
Au temps de notre jeunesse
Fumant tous deux et mal vêtus attendant l'aube
Epris épris des mêmes paroles dont il faudra changer le sens
Trompés trompés pauvres petits et ne sachant pas encore rire
La table et les deux verres devinrent un mourant qui nous jeta le dernier regard d'Orphée
Les verres tombèrent se brisèrent Et nous apprîmes à rire
Nous partîmes alors pèlerins de la perdition
A travers les rues à travers les contrées à travers la raison
Je le revis au bord du fleuve sur lequel flottait Ophélie
Qui blanche flotte encore entre les nénuphars
Il s'en allait au milieu des Hamlets blafards
Sur la flûte jouant les airs de la folie
Je le revis près d'un moujik mourant compter les béatitudes
En admirant la neige semblable aux femmes nues
Je le revis faisant ceci ou cela en l'honneur des mêmes paroles
Qui changent la face des enfants et je dis toutes ces choses
Souvenir et Avenir parce que mon ami André Salmon se marie
Réjouissons-nous non pas parce que notre amitié a été le fleuve qui nous a fertilisés
Terrains riverains dont l'abondance est la nourriture que tous espèrent
Ni parce que nos verres nous jettent encore une fois le regard d'Orphée mourant
Ni parce que nous avons tant grandi que beaucoup pourraient confondre nos yeux et les étoiles
Ni parce que les drapeaux claquent aux fenêtres des citoyens qui sont contents depuis cent ans d'avoir la vie et de menues choses à défendre Ni parce que fondés en poésie nous avons des droits sur les paroles qui forment et défont l'Univers
Ni parce que nous pouvons pleurer sans ridicule et que nous savons rire
Ni parce que nous fumons et buvons comme autrefois
Réjouissons-nous parce que directeur du feu et des poètes
L'amour qui emplit ainsi que la lumière
Tout le solide espace entre les étoiles et les planètes
L'amour veut qu'aujourd'hui mon ami André Salmon se marie


Vive la Liberté,
Beth New York

aka Beth S. Gersh-Nesic
Director
New York Arts Exchange
www.nyarts-exchange.com
www.andresalmon.org 

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